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Les deux propositions d’Haïti vinrent, l’une de moi et l’autre de Carline Viergelin.

J’ai demandé à l’illustre Assemblée de prendre en considération le fait que la lutte initiale pour la liberté des peuples noirs ne put atteindre son moment de condensation en vue de déferlement qu’après la Cérémonie Vodou du Bois Caïman du 14 au 22 Août 1791. Cette guerre d’attrition dura treize longues années et prit fin sur le terrain, à Vertières, une clairière du nord d’Haïti, le 18 Novembre 1803.

Jusque là, le peuple haïtien n’était en réalité qu’un ensemble de personnes, hommes, femmes et enfants, certains libres, mais pour la plupart esclaves ou marrons, et d’origine africaine. Ils venaient des divers coins du continent et parlaient diverses langues. Ils ne devinrent Haïtiens que par la suite, le 1er Janvier 1804.

Le but qu’ils recherchaient était la liberté : « Vivre libre ou mourir ! » telle était leur devise. Mais ils voulaient également être reconnus, et par tous les êtres de la terre, comme étant des êtres humains à part entière.

Selon nous, cette guerre accomplie était autant un affrontement idéologique à répercussions militaires, économiques, sociales et politiques qu’une révolution économique ou sociale telle que généralement enseignée dans les écoles de chez nous.

Cette guerre visait à rassembler toutes les capacités des opprimés et à les lancer avec acharnement contre l’adversaire afin qu’au bout du compte il ne devrait rester aucun esclave sur la terre et l’oppresseur devrait disparaître. L’analyse finale révèle qu’elle cherchait à cristalliser les peuples opprimés du monde entier.

On peut en juger par l’impact qu’a eu cette guerre sur le reste du monde. Avec la guerre d’Haïti, un Ordre nouveau du Monde était né.  « À bas l’esclavage et la colonisation ! »

La France, déçue dans ses ambitions, s’est vu forcée d’entamer tout un processus de décolonisation. Ce mouvement prit du temps pour se réaliser mais se poursuivit jusque dans les années 1960 ! L’Angleterre, l’Espagne, les Pays Bas, les Etats-Unis d’Amérique durent eux aussi emboîter le pas à ce processus.

Sous la pression de ce mouvement, la France dut céder ses possessions de la Louisiane pour seulement 15 million de dollars soit 10 cents américain l’hectare. Cet acte seul, multiplia la configuration et la puissance des Etats-Unis d’Amérique et, en conséquence, changea les rapports entre tous les pays de cette planète.

Simon Bolivar et Francisco Miranda, tous deux généraux de la Grande Colombie, vinrent chercher et trouvèrent de l’aide des anciens esclaves haïtiens. Même les Grecs en 1820 demandèrent de l’aide pour réaliser leur guerre contre les Turcs, et ils en trouvèrent, en dépit du fait qu’Haïti n’était alors qu’un tout petit pays qui s’établissait à peine et en bien des cas n’était même pas encore reconnu comme étant un pays souverain.

L’esclavage, selon nos ancêtres, était un acte contre-nature qui avilissait et déshumanisait non seulement ceux qui le subissaient mais encore et tout autant, ceux qui le pratiquaient.

C’est donc ainsi qu’ils avaient choisi un lieu géographique où ils pouvaient faire battre le cœur de tous et consolider leur mouvement. Ce lieu s’appelait le Bois Caïman.

Voilà pourquoi j’ai l’honneur, et aussi le plaisir, de proposer aujourd’hui encore ce même lieu, le Bois Caïman, qui pourrait, et pourquoi pas, devenir le cœur géographique et spirituel de ce nouvel Etat Fédéral d’Afrique, comme vient de le proposer le Président Lula.

Je dépose ici les plans de cet endroit qui pourront par la suite être étudiés par des spécialistes. Ces plans réunissent les « Vingt-et-Une Nanchon africaines. »

Le mot Nanchon ne doit pas être confondu avec le concept de Nation dans le sens français du terme. Pour nos ancêtres africains Nanchon voulait plutôt dire les « Grandes Familles Reconnues comme étant des nôtres. » L’une de ces familles comprenait les Amérindiens Taino !

Ces plans ont été approuvés par les Vodouisants de la fédération dont je suis l’Ati National et conçus par des architectes haïtiens bien connus. Je les dépose ici entre les mains du représentant du Département d’Etat de la République Fédérative du Brésil pour les suites nécessaires.

Aujourd’hui, malheureusement, notre pays, Haïti, est un pays en pleine guerre civile. Cette guerre se poursuit sans relâche depuis notre indépendance

Des forces dominantes nationales, puissamment épaulées par des forces dominantes internationales, ont toujours saisi les reines du pouvoir politique de notre pays pour gruger à l’extrême le peuple qui, finalement s’est retrouvé dépossédé et sans terre. De ce fait, la production de ce dernier s’est ralentie et notre pays aujourd’hui se signale à l’attention de tous comme étant l’un des plus pauvres de la terre.

Nous, Vodouisants, comprenons ce moment complexe où se trouve la nation haïtienne au sein de la communauté régionale de l’Amérique Latine et du Sud. Nous sommes déterminés à poursuivre le dialogue avec tous ceux qui ont voulu avoir leur présence en Haïti aujourd’hui.

D’où la proposition de Madame Viergelin d’une participation conjointe à la structuration du Vodou haïtien. Car, immiscés dans cette guerre civile larvée permanente, nous n’avons jamais eu ni le temps ni les moyens de poursuivre méticuleusement cette telle tâche de portée considérable.

A la suite des dernières élections, nous espérons pouvoir bientôt voir fleurir sur notre territoire les bienfaits de cette solidarité et concertation, à savoir : « la défense des libertés fondamentales, la croyance en la démocratie politique pour tous les individus et une politique conforme à la moralité. »

Merci.

Max G. Beauvoir

Mariani, le 14 Septembre 2006

N.B. : Nous avons pris contact avec le Dr. Ubiratan de la Fondation Palmarès et nous avons grandement apprécié les rencontres agréables que nous avons eues avec lui. Nous avons compris qu’il était pour nous autres Haïtiens un ami et aussi un partenaire de choix en terre Brésilienne.

Il a promis de nous visiter en Haïti le mois prochain avec un groupe de ses concitoyens. Avec l’aide du Gouvernement Haïtien, espérons que nous saurons les recevoir autant de chaleur et d’enthousiasme qu’ils ont su nous le montrer au Brésil.

© Max G. Beauvoir – 1998 – 2006

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Le Péristyle de Mariani, Mariani, Haiti

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